L'agroforesterie, c'est d'abord un projet

Publié le 18 Mars 2012

Dominique P. Rencontré le 12 mars
Membre de l’association BASE

Dominique P. est éleveur laitier dans les Pays de la Loire. Membre d’un GAEC produisant 600 000L de lait par an, il a décidé d’investir dans un robot de traite et dans une mélangeuse automotrice en CUMA afin de diminuer les temps d’astreinte liés à l’élevage. Cela lui laisse plus de temps pour mener de nombreux projets, car il ne semble jamais à court d’idées.

Un homme de projets
Pour améliorer la valorisation de sa production, il s’est lancé dans la vente directe de lait aromatisé via des fontaines à service au verre. Il envisage également de monter une laiterie en SAS avec deux autres agriculteurs en utilisant un emballage innovant. Il aimerait aussi organiser la construction d’un méthaniseur dans la commune, qui serait approvisionné uniquement par des matières premières agricoles, en partenariat avec des maraichers et des éleveurs. 

Sa vision de l’agriculture et du monde agricole
Son sentiment par rapport aux coopérative est d’être trop encadré, et comme sous perfusion. « Elles achètent tout, nous vendent tout ». Idem pour sa vision des entreprises d’insémination : il préfère inséminer ses vaches en autonomie, tout en suivant les progrès de la génétique de son troupeau.
Il considère que les statuts du fermage doivent évoluer, pour que l’agriculteur puisse protéger son capital.  C’est d‘ailleurs pour cette raison qu’il n’a planté en agroforesterie que sur les terres dont il est propriétaire. Un peu rebelle à ses dires, il fait partie de la coordination rurale, et a participé à la grève du lait.

Et l’agroforesterie ?


"L'Agroforesterie, on n'y vient pas par hasard... Il faut aimer la haie, il faut aimer l'arbre, il faut aimer le sol"


Dominique pratique l’agriculture de conservation : un semis direct, sans récupération des résidus de culture. L’agroforesterie est pour lui la suite logique du respect des sols. Il en découvrit le concept via son implication à la coordination rurale. Après une rencontre avec Christian Dupraz, il est conquis par l’idée, et plante 6ha en 2008, soutenu par un technicien de la chambre d’agriculture. Il obtient une subvention du conseil général pour accueillir des groupes de visiteurs. Les plus durs à convaincre du bon sens du projet furent ses propres voisins !
Les résidus de l’élagage des haies sont broyés par une entreprise, et les copeaux sont destinés au paillage, à la chaudière, ou sont mélangés au fumier. Son goût pour les haies est intimement lié à sa passion pour la chasse. Amateur de petit gibier, planter lui permet de recréer un habitat pour les perdrix, les faisans…

 

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Les essences choisies sont des espèces locales : merisiers, frênes, chênes sessiles et pédonculés, quelques cormiers et des noyers hybrides. Les cormiers végètent tandis que les merisiers ont démarré une belle croissance, il estime pouvoir les récolter dans 25 ans. Les arbres ont été espacés de 5m, et les allées de 31m. En test supplémentaire, il a rajouté quelques plants intermédiaires sur les lignes. Les protections des jeunes arbres ont permis de les protéger du gibier, mais le col trop rigide semble entailler les jeunes troncs.
Sur les lignes d’arbres, il a choisi de ne pas broyer la flore adventice, afin de laisser un espace de refuge pour le petit gibier. Il envisage cependant de concurrencer les ronces par des plantations de sureau. Pour les cultures fourragères entre les lignes arborées, la rotation n’a pas changé. Il estime que les rendements commenceront à baisser dans 15 ans, mais qu’ils seront compensés par l’augmentation de capital en bois. 

De plus, une parcelle en jachère a été transformée en sauleraie pour une production de plaquette (énergie) en 2008. Elle permettrait d’épurer les déchets organiques en cas de débordement de la fosse à lisier en amont. L’entretien est assuré par un apport de purin, et un broyage est effectué tous les ans à partir de la 3ème année. Il travaille aussi en partenariat avec Agroof, et réalise un test de 25 ares en système « forestier » (plantation plus dense) afin de comparer les croissances des frênes et des charmes. Ils seront peut être valorisés en bois de chauffage.

Rédigé par AF'enture

Publié dans #Rencontres

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